jean-françois perry, rayon verre
Texte : Karen Allais – Photos : RiBLANC
Maître verrier, un métier d’art qui sublime les couleurs et la lumière. Magie blanche ou magie noire ? La création et le maniement du verre restent un mystère fascinant. Rencontre avec le maître du rayon verre, Jean-François Perry au parcours divinement ensorcelant…
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Mais pourquoi diable choisir un tel métier ? Comment se passionne-t-on pour ces petits morceaux de verre iconiques de nos églises ? C’est la première question qui vient à l’esprit quand on rencontre un des très rares maitres verriers français. Et ce, d’autant plus quand on découvre que Jean-François Perry n’a rien d’un vieux druide reclus dans son antre.
Alors oui, pourquoi ? L’histoire est d’abord une histoire d’hommes, de rencontre et de passion. Celle d’un jeune étudiant des beaux-arts de Nantes, en spécialité audio-visuelle, et d’un un illustre maître verrier d’Anglet, Charles Carrère, auprès de qui de nombreux artistes rêvaient d’affiner leur art et leur savoir-faire. Mais le maître choisit son « padawan » (apprenti), et un jour, l’alchimie improbable entre deux très fortes personnalités se produisit dans l’atelier avec ces quelques mots pour sceller leurs destinées :
– « Que veux-tu faire plus tard ? »
– « Moi ? comme vous !? »
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La voie de Jean-François Perry est désormais tracée et la transmission peut commencer. Il obtient, en parallèle, son diplôme National Supérieur d’expression Plastique dont l’œuvre de fin d’étude (5 ans) n’est autre qu’une exposition complète d’une vingtaine d’oeuvres (vidéos, dessins, …), et parmi elles, un triptyque de vitraux au message engagé à l’image de ce jeune artiste. Il enrichit son expérience à la Maison du Vitrail (Paris XV) et dans d’autres ateliers, notamment de restauration de monuments historiques.
Mais c’est dans celui de Charles Carrère, qu’il a partagé jusqu’à la mort de ce dernier en 2021, que le talent de Jean-François s’est déployé. Le respect mutuel , leur passion commune, et ce, malgré des bouderies mémorables ; « il avait un caractère bien trempé, moi aussi ! », leur a permis un travail artistique des plus réussis.
Si la restauration de vitraux lui plait, c’est la création, en particulier d’œuvres contemporaines, qui passionne Jean-François. Comme chaque maitre verrier qui se respecte, il glisse dans ses vitraux un message caché, une lecture supplémentaire, une signature qui peut prendre, par exemple, la forme d’un personnage de « pop culture » dans un vitrail d’église (à vous de chercher lequel dans ses œuvres !).
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« La mosaïque est l’ancêtre du Tag, une forme d’expression qui s’affiche sur les murs pour raconter tout et n’importe quoi… Il y a ceux qui savent lire et les autres. Le vitrail, quant à lui est l’ancêtre de la télévision avec la lumière qui traverse un écran de verre et crée l’image ». Voilà, comment Jean-François Perry parle de son art.
Quant à sa méthode de travail, lui, l’artiste, le perfectionniste, aime laisser murir l’idée, pour mieux trouver le parfait équilibre entre son envie, le souhait du client et le lieu de destination. Et si l’idée apparait à 4 heures du matin, alors Jean-François se lève pour profiter du flow, pour libérer l’intuition et la créativité. « Pour improviser il faut avoir des provisions » disait son maitre Charles Carrère, et c’est ce que ressent Jean-François aujourd’hui. Il cueille des idées, des couleurs, des émotions au fil de ses balades dans la nature, de ses sessions de bodysurf et de ses rencontres. Il est capable de s’étonner de tout.
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Ces paroles de Max Jacob trouvent écho auprès de Jean-François et lui permettent de créer « tout naturellement ». Il ajoute qu’il respecte la technique des anciens tout en apportant sa pierre à l’édifice pour lui donner un élan de liberté.
Mais attention, une fois l’œuvre terminée, qu’elle nait pour la première fois à la lumière, le client doit vite venir la chercher, sinon l’artiste s’attache à sa création et parfois n’arrive plus à s’en séparer !
Et quand il ne parle pas de vitraux, il parle de son autre passion, le Pays Basque, de sa ville, Anglet, avec l’océan, la forêt, les diners du jeudi soir avec les copains, l’ambiance de ce lieu qui lui a donné un maitre, et qui le nourrit tous les jours.
Lors de notre rencontre, Jean-François Perry était en pleine réalisation d’une mosaïque qui est actuellement exposée à l’église Saint Rémi à Bordeaux. Il s’agit du Bon Samaritain de l’Evangile, selon Luc, chapitre X.
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